1. |
Tu cours
02:26
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Fast-food avalé sur un banc en moins de deux
Acheté au quick-drive entre midi et deux
Le café même tiède, toujours en expresso.
Pas le temps de souffler, pile à l'heure au boulot
...
Tu cours.Journal "Minute" pour les brèves debout dans le métro
Une oreille qui se tend toujours à l'heure du flash info.
P'tit bouquet chez Rapid' Flore et passage éclair au pressing
Vos photos ? En express ! L'amour ? En speed dating !
Refrain :
Tu cours mais tu cours, après quoi.
De tout ce temps gagné, après tout, tu en fais quoi ,
Tu cours, tu cours, pourquoi faire ?
Tu cours après le bonheur, mais ce parcours, c'est l'enfer.
Intégrer le réseau, communiquer en haut débit
Ebay pour les sous vite fait et Myspace pour les amis
Tout en un, gain de temps, en un clic, clés en main
La livraison est gratuite mais seulement jusqu'à demain.
...
Tu cours.
De voies express en autoroutes, plus que deux points sur ton permis
Entre deux flash et deux bouchons, vas donc chez Speedy
Et faire tes courses au lance-pierre dans un supermarché
Le même jogging tous les soirs dans le même quartier.
Dépose-minute à la gare, puis l'automate, ça va plus vite,
"Insérez votre carte, vous partez tout de suite".
Dans un de ces trains fusée estampillé "grande vitesse"
Foncer deux jours à la campagne, et oublier tout le stress.
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2. |
Vincent et moi
03:42
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Vincent Delerm et moi on passe de bons moments
L’été à la terrasse et l’hiver au crémant
On s’raconte des devinettes en draguant des minettes
Il en connaît des blondes, des drôles et des simplettes.
Vincent Delerm pour moi, c’est un copain d’biture
On s’en prend des sérieuses, il me ramène en voiture
« L’addition, c’est pour moi » hurle t-il en chancelant,
J’vais même l’appeler comme ça mon prochain tour de chant.
Refrain :
Mais ce matin, rue Saint Séverin
Dans la Bentley Bleu pâle de son père.
On écoute du chant grégorien
Branchés sur France Inter.
Vincent Delerm et moi, c’est un roman feuilleton
D’ailleurs son père enregistre toues nos conversations
Puis il les réécoute en prenant plein de notes
Sur son ordinateur toute la nuit, il pianote.
Vincent Delerm et moi, on est bien emmerdés
Pour faire nos escapades depuis qu’il est maqué
Sa femme, une Stéphanie, ardant esprit cynique,
Nous interdit nos fiévreux soirs footballistiques.
Ref
Vincent Delerm et moi, y’a des fois on discute
Longtemps, et alors là ça arrive qu’on s’dispute.
Par exemple sur le fait qu’il ait falsifié
Pour devenir célèbre une histoire d’amitié.
Vincent Delerm et moi on a un grand projet
Un jour, un des ces quatre, on rêve d’y arriver
Ce serait formidable qu’après quelques répets
J’arrête de lui écrire toutes ses chansonnettes.
Ref
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3. |
Les Crampons
03:17
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Maillot sorti, protège-tibias
La balle au pieds, j'étais le roi
J'avais dix ans et, dans l'équipe
Portait fièrement l'numéro huit.
Milieu de terrain, poste important
Jamais en retard à l'entraînement
J'étais l'plus rapide du Santerre sitôt dribblées
Trois mottes de terre.
Refrain :
Avec ma bande, en Adidas
Crampons de 15 par temps de pluie
Et notre QG tant mieux, hélas
C'était la Civette tout les samedis.
Les titulaires et les oubliés
De la liste des matchs, suspendue
A la vitrine du troquet,
On l'attendait un peu tendus.
Notre beau stade, lieu des batailles,
Nous absorbait au saut du lit
Et de rêveries en médailles
Rendait vivant nos Paninis.
Près du terrain, le cabanon
Où le ballon état servi
Abritait surtout ses « Raymond »
De grandes soifs et de l'ennui.
Si par hasard une demoiselle
Déviait vers chez nous sa promenade,
Ça nous poussait dans l'dos, les ailes,
On devenait les dieux du stade.
Dans les QG de l'an 2000
Je regarde les coupes au d'ssus de la glace
Et je nous revois au centre ville,
Les brandissant sur la grand place.
Je retournerais dans les gradins,
Samedi prochain, j'irais là-bas,
Regarder courir les gamins,
Maillots sortis, protège-tibias.
Avec leur bande, en Adidas,
Crampons de quinze par temps de pluie
Et leur QG, tant mieux, hélas
C'est la Civette tous les samedis.
C'est la Civette tous les samedis.
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4. |
Je de société
03:17
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Le temps est écoulé
Ca y est c'est à mon tour
J'vais durcir l'intérieur
J'ajoute 25000 flics
Je relance les dés
Ca c'est un beau parcours
Je dégage au passage
Quelques milliers d'instits
A ton tour de miser
Joue pas les kamikases
Car ta bourse est en danger
Si elle tombe, t'es foutu
Délocalise un peu
Ou bien recule de trois cases
Si tu donnes encore dans l'social
Ben moi je ne joue plus
A moi toute la cagnotte
Et vive la bambochade
J'm'en vais claquer du black
Dans quelques boites de nuit
Chauffeur et coke de fonction
Mais toi, vieux camarade
Tu dois refaire un double
Pour garder ta mairie.Pont speed
Quand j'pense à ces blaireaux
Qui hantent le culturel
Y'a déjà plus grand monde
Mais si jamais je pioche une reine
J'les flanque sous les drapeaux
il me manque du monde
Pour envahir tes terres
Pour fabriquer des bombes
Allez hop en prison
Et tu perds les 20 000
T'as plus d' immunité
Ca c'est le jeu des lois
Mon p'tit passage télé
C'était pas si débile
Pour la diffamation
Désolé, mais j'ai le droit
J'élargis mes frontières
Banco sur mes soldats
J'attaque la terre entière
J'extermine, je détruits
Mes derniers fonds secrets
J'les claque en bazookas
J'explose tes ministères
J'ai gagné la partie
Héros de la patrie.
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5. |
Zarathoustra
06:05
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Refrain :
Zarathoustra c’était pas un crétin
Ni un vendu !
J’vous raconte ça mais moi j’ai jamais fini le bouquin
Nous non plus !
Un jour il est sorti de sa maison en macramé
Après 320 ans passés à cogiter
Il avait un p’tit peu le cerveau en compote
Mais il s’est dit « c’est dit ! Maintenant j’me fais des potes ! .
J’ignore tout à fait ce qu’est un minitel,
Une planche à repasser, un skate-shop, un bordel,
Mais j’ai lu tant d’bouquins, qu’il y a une chose dont j’suis sûr,
C’est que le genre humain fait une drôle de figure. ».
Alors il descendit de sa montagne verte,
Il délaissa son champ, son ruisseau et sa charrette
Et d’un pas décidé, se tournant vers la ville,
Il hurla pour le ciel « amenez moi ces débiles ! »
En chemin il rencontre un sportif en survet’
Walkman sur les tympans, Reebok sur la caouette
« Excusez moi mon brave, mais dites moi simplement
Où courrez vous ainsi en tel accoutrement ?
« Je cours pour maigrir et pour cracher mes clopes
Les filles ça les attire les belles escalopes
J’écoute du Génésis, ça me donne le tempo
Et puis je bois Volvic, ça c’est bon pour ma peau.
Zarathoustra réfléchit en lui même
Celui là, se dit-il, doit être un phénomène
A quoi bon entretenir un corps puissant et lisse,
Qui soutient un esprit rempli de Phil Collins ?
Il sortit son grand sabre laser, récita un cantique
Et massacra le fou dans un flash électrique
Et c’est pour ça qu’on peut dire que…
Ref
Un peu plus tard c’est un complet noir qui croisa son chemin
Un sombre attaché-case s’accrochait à sa main.
« Excusez moi on brave, mais dites moi simplement
Où courrez vous ainsi en tel accoutrement ? ».
« Je vais à la bourse vendre quelques actions,
Reebok est regonflé mais Volvic en perdition.
Depuis que Zinedine a l’Adidas en berne,
Il ne fait plus bon boire chez les volcans d’Auvergne.
Zarathoustra réfléchit en lui même
Celui là, se dit-il, doit être un phénomène
Il croit que ses semblables sont tous des marionnettes
Que leur vie se résume à coups de calculette
Il sortit sa grande épée Excalibur
Et pourfendit l’courtieux
Des Ray-Ban jusqu’à la ceinture.
Et c’est pour ça qu’on peut dire aujourd’hui que…
Ref
Sitôt sur la grand place, ses pas furent attirés
Par une hideuse pervenche et son petit carnet.
Elle verbalisait en sautant comme une puce
Quelques jeunes lascars fumant sous l’abribus.
Ces vauriens, lui dit elle, sont de dangereux drogués
Qui mettent en péril notre belle société
En consommant, hélas, des produits prohibés
Au lieu d’aller bosser à la RATP.
Zarathoustra réfléchit en lui même
Celle là, se dit-il, doit être un phénomène.
Elle ponctionne l’argent et le donne aux salauds
Aux gouvernants avides qui n’aideront pas ces jeunots.
Il sortit de son sac un tomahawk à franges
Et d’un coup bien placé scalpa la pervenche.
Et c’est pour ça qu’on peut dire, que…
Ref
A ce stade du récit, notre héros, morose
Arrive place de l’église, s’assoit et se repose.
Il songe, désemparé, que malgré sa sagesse,
Il ne traite l’humain qu’avec une grande rudesse.
En voisin bienveillant, Dieu, riant, apparaît :
« Je vous trouve là mon fils, bien désorienté,
Songiez vous sérieusement contrarier la nature
Et inculquer aux hommes une once de culture ? »
Zarathoustra réfléchit en lui même
Celui là, se dit-il, c’est sûr, a un problème.
Il oublie qu’à la base, modelant l’homme à sa guise
Il créa la vertu mais aussi la bêtise…
Sortant alors de son sac sa baguette tragique
Et tapotant le front de l’idole magnifique
Le transforma aussitôt dit, aussitôt fait…
En un étincelant présentateur télé.
Moralité
Les hommes sont des crétins, et c’est irréversible,
Leur gourou bossera donc pour une chaîne débile.
Mon geste ne sert à rien, sauf à prouver l’adage
Que leur Dieu les avait bien fait à son image.
Zarathoustra c’était pas un crétin
Ni un abruti !
Avec tout ça j’ai bien envie de lire le bouquin
Nous aussi !
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Jean Caron Amiens, France
De retour, mais sans se presser !
La touche "home made" en étendard...
C'est en artisan
méticuleux que Jean Caron nous livre ici sa nouvelle production : "L'homme s'entête". 10 titres d'une chanson consciente et préméditée, aux reflets noirs, détachant des textes précis et d'une vérité souvent pertinente...
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